Roman - Page 14
— On se calme, on se calme, tout va bien ! Aidez-moi donc Madame Soriat, on va faire pivoter la tête sur le côté comme ça...
— Quatre mains ? Ah non, ça c’est trop ! Déjà avec une paire, j’ai les poils qui se rebiffent !
J’emplis mes poumons au maximum pour balancer la plus belle plainte que peuvent fournir mes organes vocaux.
— AAAAAAAAAAAH !
Ils sont complètement paniqués, dans le fond j’ai franchement envie de rire.
— Madame Soriat, allez me chercher le Docteur Sylvestre, on doit lui administrer une dose pour la calmer sinon nous ne pourrons jamais la dégager !
Et mince, ces enfoirés d’incapables ne savent pas faire autre chose que de balancer des shoots dès qu’ils sont dépassés par les événements, s’ils réagissent de la même manière dans leur propre vie, ça doit être expéditif.
Je dois me libérer avant qu’il arrive. C’est bloqué ! Je n’y arrive pas ! Vite, je l'entends déjà approcher dans le couloir.
— Allons calmez-vous, restez tranquille.
Cet abruti de psy amateur me tient les bras. Mince, vite, vite, je vais y avoir droit ! Allez un petit effort, j'ai réussi à me faufiler, je peux en sortir. Ça ne passe pas. L'urgence me fait perdre le contrôle de mes gestes, je sens un flux électrique qui me monte le long des jambes et des bras, c’est les nerfs en surcharge qui s'emportent à lutter en vain pour forcer le passage. Les tiges de fer me marquent la peau, les contusions enflent, ma tête brûle du sang qui afflue en masse. Je suis prise au piège !
— Noooon.
Je me débats comme un condamné dans son ultime combat. Le psy s’est pris des coups qui l’ont envoyé au tapis, je sens les barreaux m’encercler de plus en plus, ils m’étranglent, la vitre éclate sous les heurts de mon front, des infirmiers arrivent à la rescousse pour m’immobiliser, je ne vois plus rien, du sang me dégouline dans les yeux et le cou, la mâchoire a craqué aussi dans mes secousses. C’est fini, je tombe dans les pommes.