Episode 2 : derniers instants

Publié le par Camille Butterfly




Heureusement, l'implantation du centre de contrôle me laisse un peu de répit supplémentaire, puisque tout le pourtour du périmètre est ceinturé par de larges avenues d'eau où seules les navettes sécuritaires sont autorisées à patrouiller, et aucun pont ne permet de traverser.

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Je longe les quais, un peu refroidi par ces panneaux d'avertissement tous les vingt mètres qui indiquent que l'eau est électrifiée. Tant de zèle n'était pas nécessaire, je ne vois pas qui serait assez exalté pour prendre d'assaut les douves afin d'arriver au plus vite. À moins d'être complètement paniqué, de perdre la raison, ou bien… l'effroi fige subitement la respiration de mon cœur… ou bien dans le but de ne plus pouvoir s'échapper de l'enceinte une fois à l'intérieur ?

La perspective de cette idée me pétrifie, pourtant tout le monde sait que ce bâtiment n'abrite qu'une bureaucratie chargée d'administrer les citoyens, enfin c'est la version officielle. En quoi cela consiste exactement ? Il faut avouer que je ne m'y suis jamais intéressé auparavant. Peut-être trouverais-je des indications dans l'entête de la lettre qui m'auraient échappées ? Je sors fiévreusement la missive de ma poche pour y lire simplement les informations d'usage :

Confédération Générale de Tellure
Pôle principal de gestion des biens publics et des personnes
En territoire humanoïde nº 666
Quadrillage latitude 48°51'44" Nord – longitude 2°21'3" Est
Service du test de maturation – étage 13

Je soupire désappointé de n'en apprendre davantage lorsqu'une lumière vivement puissante m'éblouit. Une patrouille s'est arrêtée à ma hauteur avec un projecteur braqué sur moi. Je m'éloigne rapidement sans attendre la suite, craignant des effets atomiseurs sur mon cerveau. Des fuites courent ces derniers temps, que les brigades policières testent sur la population un rayon neutralisant les émissions cérébrales à la moindre perturbation mentale détectée. Et au vu de ma confusion, leurs récepteurs doivent furieusement clignoter rouge. Même s'ils jurent n'y avoir aucune séquelle possible, leur arme inoffensive n'est qu'au stade expérimental et je ne souhaite aucunement servir de preuve contraire à leurs résultats cliniques.

Cette fois-ci je me dépêche, j'ai hâte d'en finir avec ce supplice une bonne fois pour toutes. J'atteins le premier portail d'accès où des agents draconiens vérifient mon identité. L'attente dure plus de trois heures avant de recevoir l'approbation de franchir le second seuil. Ce qui met secrètement fin à mon espoir fou de les entendre m'annoncer qu'ils se seraient trompés d'individu et que je pouvais retourner à ma vie d'étudiant passionné, avec la promesse de ne plus jamais être sollicité en réparation de ce dérangement.

Voilà, j'y suis, encore cinq cent mètres avant qu'elle ne m'absorbe. Même à cette distance, la boule miroitante est imposante, presque une cité à elle toute seule. Je frémis et m'avance comme hypnotisé, elle emplit toute ma vision, je ne peux plus la quitter des yeux, fasciné et terrifié à la fois. Peut-être m'apprivoise-t-elle ?

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Je parviens à ses pieds dans un état étrangement calme et détendu, son charme m'a totalement envoûté. Pourtant mon destin va se jouer à l'intérieur, peut-être pour la dernière fois, mais à cet instant précis, cette possibilité m'indiffère, j'observe simplement les reflets parcourant le globe.

Un son retentit près de moi perturbant ma contemplation. J'écoute plus attentivement : une sonorité régulière court tout autour de la base pour émettre une note sensiblement différente à chaque révolution effectuée, qui a son tour, arpente le cycle degré par degré dans le sens des aiguilles d'une montre. Je souris, bercé par cette musicalité discrète qui égrène les secondes et les minutes jusqu'aux longues heures.

Ce mécanisme qui rythme le temps aurait-il une incidence quelconque sur l'intérieur de l'architecture ? J'allais le savoir bientôt : une porte s'est entrouverte dans un glissement métallique juste en face de mon nez m'invitant à entrer, là où la paroi brillait encore innocente.




Photos : Géode au parc de la Villette - Paris 19è - Photos de mon polaroid de poche - à ma dernière visite, l'horloge sonore autour de la géode était désactivée, je ne sais si c'est temporaire.



Publié dans Saga de l'été

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A
bon ...ben je pénétre dans la phére avec toi!
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M
Quel site merveilleux! Je viens de découvrir quelques contes, récits fantastiques et autres poésies féeriques!Je suivrai la piste de la fée de la lune!
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C
Merci :0091:
M
Voilà je me suis permis de te taguer (parce que j'aime bien ton blog), j'espère que tu ne m'en voudras pas... La suite se trouve derrière l'icône en haut à gauche de mon blog.
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C
et boum un retag ! :0037:bon je vais y réfléchir... parce que je vais pas tout dévoiler sur moi non plus :0109: